En Angleterre, Eric Cantona reste « The King » aux yeux des supporters de Manchester United et même d’autres clubs. Il faut dire que le Français a marqué de son empreinte son séjour au Royaume de Sa Majesté. Ses coups de génie sur le terrain, couplés à ses coups de sang, ont autant servi la légende qu’une ses phrases cultes qui inaugure cette chronique « Paroles de légende » que vous retrouverez tous les lundis sur FootLégende !
25 janvier 1995. Le match entre Crystal Palace et Manchester United a démarré depuis 48 minutes lorsque Eric Cantona est expulsé par l’arbitre. Alors qu’il prend logiquement la direction des vestiaires, « The King » doit encaisser de nombreuses insultes et des sifflets qui descendent des tribunes de Selhurst Park. A 28 ans, l’ancien joueur de Leeds ou encore Marseille en a vu d’autres depuis le début de sa carrière. Mais l’entrée en scène d’un certain Matthew Simmons va changer la donne. Habillé d’un blouson en cuir, ce pseudo supporter n’hésite pas à lâcher l’insulte qui fait mouche : « enculé de bâtard de Français ».
Aussitôt, Eric Cantona se détourne de sa route toute tracée et se dirige vers la tribune. Sous le regard de l’intendant de l’équipe de Manchester United qui n’arrive pas à le retenir, Norman Davies, il bondit le pied droit en avant afin d’essayer de frapper Matthews Simmons et réussit à le toucher au niveau du torse. Après avoir chuté au sol, Eric Cantona remet une couche et un coup de poing fuse. Effrayé, le provocateur anglais prend ses distances avec le frenchie qui se calme aussitôt ou presque. Rapidement, Norman Davies saisit le bras droit d’Eric Cantona tandis qu’un steward prend le gauche pour le raccompagner au vestiaire. De son côté, le gardien danois des Red Devils, Peter Schmeichel, est venu lui demander s’il n’était pas devenu fou. Le Scandinave sait pertinemment que le coup de sang d’Eric Cantona risque de lui coûter très cher.
Un déchaînement médiatique pour Cantona
Tandis que la vidéo de l’incident fait le tour du monde en l’espace de quelques heures et que les journalistes anglais s’acharnent sur lui (« Sale brute pour The Sun, « Un voile de honte sur le football » pour le Daily Mirror…), les dirigeants de Manchester United n’hésitent pas à trancher dans le vif dès le lendemain de la rencontre. Le président Martin Edwards fait savoir que « The King » est suspendu jusqu’à la fin de la saison 1994/1995. En prime, le natif de Marseille devra aussi régler une amende de 10.800 livres. Sur le plan judiciaire, il faut attendre le 21 février 1995 pour que les policiers de New Scotland Yard interrogent Eric Cantona. Sans surprise, il est inculpé pour agression et risque d’être emprisonné pendant six mois. Les événements continuent leur folle cavalcade 72 heures plus tard.
La Fédération anglaise de Football le suspend officiellement jusqu’au 30 septembre suivant. Pour en revenir à l’aspect judiciaire, Eric Cantona doit finalement composer avec le jugement du tribunal de Croydon qui décide de lui infliger une peine de quinze jours de prison. Une semaine plus tard, il est condamné en appel à à 120 heures de travaux d’intérêt général et à une amende de 40.000 livres ce qui est un moindre mal. Pendant un point presse, resté célèbre outre-Manche, Eric Cantona va prononcer une phrase, avant de quitter la salle sous le regard des journalistes hilares et/ou médusés, qui a marqué l’histoire du football : « When the seagulls follow the trawler, it is because they think sardines will be thrown into the sea. Thank you very much. » (« Quand les mouettes suivent un chalutier, c’est parce qu’elles pensent que des sardines seront jetées à la mer. Merci beaucoup. »)
Durant l’été, « The King » menace de quitter l’Angleterre si on ne le laisse pas tranquille. Au final, il peut renouer avec la compétition le 1er octobre 1995 à l’occasion d’un « classique » face au rival honni de Manchester United : Liverpool. Acclamé et même adoubé au moment de son apparition sur la pelouse d’Old Trafford par la majorité des fans du club mancunien, il se met en évidence en effectuant une passe décisive à Nicky Butt avant d’inscrire un but sur penalty. « The King » was back !