La fameuse grève de Knysna en Afrique du Sud, lors du Mondial 2010, a meurtri le football tricolore. Aujourd’hui encore, bon nombre de personnes font référence à cet épisode noir qui hante les esprits.

Des signes avant-coureurs. Finaliste du Mondial 2006, l’équipe de France est complètement passée au travers lors de l’Euro 2008. Les joueurs de Raymond Domenech ont été incapables de dominer la Roumanie (0-0) avant d’être torpillés par les Pays-Bas (1-4) et l’Italie (0-2). Malgré cet échec cuisant (4e et dernière place du Groupe C avec 1 point), le technicien a gardé la confiance de certains dirigeants de la Fédération Française de Football. Du coup, Raymond Domenech a pu rester à la tête de ses troupes même si son groupe était en train de se fissurer au fil du temps. Les éliminatoires du Mondial 2010 confirment les inquiétudes de bon nombre d’observateurs au sujet du niveau tricolore.

Incapables de sortir en tête d’un Groupe 7 largement à leur portée sur le papier (2e place derrière la Serbie), les Bleus doivent passer par la case barrages. Opposés à l’Irlande, ils prennent l’avantage à Dublin (1-0) avant de connaître les pires difficultés face à cette sélection britannique lors de la seconde manche au Stade de France. Durant les prolongations, l’attaquant Thierry Henry commet une main volontaire avant de servir William Gallas qui crucifie le gardien irlandais (1-1). Résultat des courses, la France composte son ticket pour la Coupe du monde sud-africaine mais la polémique liée à cette qualification enfle au fil des jours.

Le scandale Zahia explose

Durant le printemps 2010, la fameuse « affaire Zahia » vient encore assombrir le ciel tricolore. Franck Ribéry ou encore Karim Benzema, qui sont deux joueurs majeurs de l’équipe française, sont suspectés d’avoir eu des relations tarifées avec la prostituée qui était mineure à l’époque. Comme si cela ne suffisait pas, la tension monte au sein de l’escouade de Raymond Domenech. Franck Ribéry veut jouer en tant qu’ailier gauche, Thierry Henry fait la moue à cause de son statut de remplaçant tandis que William Gallas ne comprend pas pourquoi il n’a pas hérité du brassard de capitaine. Ajoutez à cela que Yoann Gourcuff a énormément de mal à s’intégrer au sein du groupe à cause notamment de ses relations tendues avec Franck Ribéry. Sans surprise, la FFF se fait aussi incendier après avoir accepté de loger les Tricolores au sein de l’hôtel de luxe Pezula Resort en Afrique du Sud. Décidément, cette tempête sportive et médiatique est plus qu’inquiétante alors que le Mondial est en passe de débuter.

Sur le papier pourtant, la France est largement favorite du Groupe A puisqu’elle doit affronter l’Uruguay, le Mexique et l’Afrique du Sud. Mais les hommes de Raymond Domenech livrent une copie insipide d’entrée de jeu contre la Céleste (0-0) avant de subir la loi « d’El Tri » (0-2). Après ce revers, les Bleus n’ont quasiment plus aucune chance de se hisser en 8es de finale. Suite à cette rencontre, les journalistes de L’Equipe révèlent qu’une altercation houleuse a eu lieu dans les vestiaires du stade Peter Mokaba (Polokwane) entre Raymond Domenech et Nicolas Anelka. L’attaquant a carrément insulté le sélectionneur national. Au final, Nicolas Anelka est exclu du groupe France, après avoir refusé de s’excuser, tandis qu’Evra se demande, en conférence de France, qui est « le traître » qui a balancé cette histoire.

La grève consternante de Knysna

Pour lui, il faut « éliminer » cette taupe après l’avoir identifiée. Le 20 juin 2010, Franck Ribéry profite de l’émission Téléfoot, à laquelle participait Raymond Domenech, pour admettre que lui et ses coéquipiers n’ont pas fait le maximum contre l’Uruguay et le Mexique. Au passage, il souligne le fait qu’il n’a aucun problème particulier avec Yoann Gourcuff mais veut aussi identifier la fameuse taupe. A priori, l’épisode aurait dû s’arrêter là durant cette journée. Mais c’était sans compter sur l’entraînement qui allait suivre. En clair, les footballeurs français refusent de descendre du bus et donc de prendre part à la séance programmée par Raymond Domenech et son staff. Excédé par cette grève, le préparateur physique Robert Duverne a une altercation avec Patrice Evra. Le sélectionneur intervient pour calmer le jeu et éviter que cela dégénère.

Trente minutes après le début de cette mutinerie à Knysna, Raymond Domenech se présente devant les journalistes afin de lire un communiqué qui stipule que tous les joueurs étaient opposés à l’exclusion de Nicolas Anelka et qu’ils ont donc choisi d’afficher leur mécontentement. Sans hésiter, le directeur délégué de la FFF, Jean-Louis Valentin, fait part de son envie de rendre son tablier et de rentrer en France. Les jours suivants, le déchaînement médiatique mais aussi politique bat son plein. Le 22 juin, la France s’incline contre l’Afrique du Sud (1-2) et quitte la compétition par la petite porte. Les mois qui suivent cette grève honteuse donnent lieu à l’audition de 18 des 23 joueurs grévistes. Nicolas Anelka (18 matches ferme de suspension), Patrice Evra (5 matches), Franck Ribéry (3 matches) et Jérémy Toulalan (1 match) sont sanctionnés par la Commission de discipline de la FFF. Le 5 septembre 2010, le sélectionneur Raymond Domenech est démis officiellement de ses fonctions avant d’être remplacé par Laurent Blanc. Même si cette affaire de Knysna date de pratiquement six ans, il est toujours difficile de tourner définitivement cette page déplorable du football français…