Selon La Provence, Bernard Tapie est décédé d’un cancer ce dimanche 3 octobre 2021 à 8h40. Bon nombre de supporters de l’OM ne sont pas près d’oublier ce président hors normes qui sera inhumé normalement à Marseille.
En l’espace de 78 ans, Tapie a connu plusieurs vies. Cet homme d’affaires a officié dans des milieux aussi divers que la télévision, le cyclisme, le football, la politique, le cinéma… En ce qui concerne le ballon rond, Bernard Tapie a marqué l’histoire du football français en prenant les rênes de l’OM. C’était à l’issue d’une saison 1985/1986 qui avait vu Marseille obtenir seulement la douzième place du classement au grand dam des supporters. En devenant le président du club, Tapie ambitionnait d’entrée de jeu de ramener ce dernier au sommet en Division 1 et en prime de gagner la Coupe des clubs champions. D’entrée de jeu, il recrute des éléments majeurs comme Jean-Pierre Papin, Alain Giresse ou encore Karl-Heinz Förster. Sur le terrain, les résultats sont très bons devant des fans de l’OM aux anges. Mais au final, Bordeaux prive l’OM du titre en championnat (2e place) et en Coupe de France à l’issue de cette saison 1986/1987.
Tapie monte en puissance
Loin d’être satisfait, Bernard Tapie décide de remodeler en grande partie l’effectif. Près de quinze joueurs sont poussés vers la sortie. En guise de recrues majeures, les supporters voient débarquer Klaus Allofs ou encore Abedi Pelé. Mais les Phocéens manquent le coche en D1 (6e place) et en Coupe de France (élimination en 32es de finale) lors de cet exercice 1987/1988. Toutefois, l’OM réalise un bon parcours en Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe (C2, compétition aujourd’hui défunte). Les Marseillais se hissent jusqu’en demi-finales contre l’Ajax Amsterdam. Décevants à l’aller (0-3), ils remportent la seconde manche (2-1). Insuffisant pour aller en finale de cette épreuve…
Une fois encore, Tapie en veut plus… toujours plus. Pour la saison 1988/1989, il renforce encore considérablement l’équipe (Cantona, Germain, Vercruysse, Huard, retour de Di Méco…) et se sépare d’un paquet d’éléments. La nomination de Gérard Gili au poste d’entraîneur, en lieu et place de Gérard Banide, permet à l’escouade phocéenne de franchir un cap. Résultat : l’OM réalise un doublé retentissant Division 1 – Coupe de France qui marque les esprits.
Vata, le cauchemar de Tapie…
Comme à son habitude, Bernard Tapie n’est pas rassasié. Il booste encore l’effectif (Mozer, Tigana, Waddle, Francescoli ou encore Amoros), sans oublier le joker… Didier Deschamps en novembre, afin de frapper fort sur la scène européenne. En Division 1, Marseille empoche on deuxième titre consécutif à la fin de cette saison 1989/1990.. Mais en Coupe de France, l’aventure s’arrête net en demi-finales. Pour ce qui est de la Coupe des clubs champions, l’OM atteint le dernier carré. A l’issue d’une double confrontation tendue contre le Benfica Lisbonne (2-1, 0-1), l’équipe marseillaise est éliminée. La fameuse main de Vata entre dans la légende noire de l’Olympique de Marseille.
L’OM vers les étoiles…
Cette progression européenne n’incite pas Tapie à miser sur la stabilité. Les départs sont, comme d’habitude, marquants durant l’été. Au rayon des arrivées, on retient celles de Pascal Olmeta, Bernard Casoni, Laurent Fournier ou encore Dragan Stojkovic. Cet exercice 1990/1991 est synonyme de changements fréquents sur le banc. Bernard Tapie remplace Gérard Gili par Franz Beckenbauer dès le mois de septembre. En janvier 1991, rebelote avec l’éviction du « Kaiser » au profit de Raymond Goethals. Tout cela n’empêche pas l’OM d’empocher un troisième titre d’affilée en D1 ! Mais en Coupe de France, les Phocéens subissent la loi de Monaco en finale. Quid de la C1 ? Eh bien cette fois l’Olympique de Marseille atteint la finale contre l’Etoile Rouge de Belgrade… mais s’incline aux tirs au but (0-0, 3 t.a.b à 5) au grand dam de Tapie.
Pour l’exercice 1991/1992, le mercato marseillais est encore agité (ça ne vous étonne plus à force !) Tomislav Ivic succède à Raymond Goethals… qui reviendra au Stade Vélodrome dès le mois d’octobre ! En ce qui concerne les joueurs, des départs importants sont enregistrés (Cantona, Germain, Vercruysse, Stojkovic ou encore Tigana). Les arrivées sont moins marquantes sur le papier, par rapport aux autres années (Angloma, Baills, Xuereb, Durand ; retour de Deschamps et Sauzée qui étaient prêtés). En Division 1, Marseille empoche un quatrième titre et marque un peu plus l’histoire du foot français. Pour ce qui est de la Coupe de France, le drame de Furiani, à l’occasion de la demi-finale Bastia – OM, traumatise le foot tricolore. Résultat, la finale 1992 n’aura pas lieu. Quid de la Coupe d’Europe des clubs champions ? Eh bien Marseille subit, à la surprise générale, la loi du Sparta Prague dès les 8es de finale (3-2, 1-2).
Le mercato est, comme attendu, très animé en vue de la saison 1992/1993. Le trio Mozer – Waddle – Papin s’en va. En guise de renforts, Tapie table sur des arrivées marquantes avec notamment Barthez, Desailly, Ferreri, Bokšić ou encore Völler. Avec cette armada, le président de l’OM veut enfin décrocher la « Coupe aux grandes oreilles ». Sur le banc, Raymond Goethals laisse un temps son adjoint Jean Fernandez diriger l’équipe. Mais une fois encore, il revient en novembre 1992. En Coupe d’Europe, l’OM franchit les obstacles un à un jusqu’à la fameuse finale contre le grand Milan AC. Le 26 mai 1993, une tête de Basile Boli suffit aux Olympiens.
Marseille remporte la première C1 de toute l’histoire du foot tricolore pour le plus grand bonheur de Bernard Tapie. Trois jours après ce triomphe européen, l’OM reste sur son petit nuage lors d’un match décisif contre le grand rival de la capitale : le PSG (3-1). Résultat, l’équipe de Goethals gagne aussi le titre de champion de France. L’Olympique de Marseille réalise donc la passe de cinq. Les fans sont aux anges mais cela ne va pas durer…
La fin cataclysmique de l’ère Tapie à l’OM
L’affaire OM – VA débute en coulisses avant d’être étalée sur la place publique par les médias. Des joueurs de Valenciennes assurent avoir subi une tentative de corruption afin de perdre contre Marseille. Ce feuilleton secoue le foot européen. Dès septembre 1993, le Conseil fédéral de la FFF retire le titre de champion de France à l’OM. En parallèle l’UEFA avait décidé d’exclure Marseille de l’édition 1993 – 1994 de la nouvelle Ligue des Champions. Cette nouvelle saison commence donc très mal au Stade Vélodrome. En Division 1, l’équipe fait bonne figure mais doit se contenter de la deuxième place. La faute au PSG qui monte en puissance depuis déjà plusieurs années.
Pour la Coupe de France, l’aventure s’arrête en quarts de finale contre Montpellier. En avril 1994, le couperet tombe encore sur l’OM. La FFF décide de rétrograder le club en seconde division… mais le laissera prendra part à l’édition suivante de la Coupe UEFA. De son côté, Bernard Tapie se voit retirer sa licence de dirigeant. Criblé de dettes (407 millions de francs), l’Olympique de Marseille entre alors dans une période sombre de son histoire… L’ère Tapie s’achève, en eau de boudin, durant le mois de décembre 1994. L’époque dorée est terminée pour l’OM qui mettra plusieurs années avant de redorer vraiment son blason…
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