Bernard Tapie est-il rattrapé par son passé ou victime d’accusations mensongères de la part de son ancien lieutenant Marc Fratani ?
Marc Fratani a longtemps été un fidèle collaborateur de Bernard Tapie. D’abord chauffeur, puis attaché parlementaire et assistant personnel de l’ancien président de l’OM, il connaît très bien ce dernier. Après l’avoir servi pendant longtemps, le Corso-Marseillais a décidé de passer à table. Les deux hommes sont brouillés depuis 2016. « Il m’a cassé les reins sur un projet de production audiovisuelle qu’il a saboté personnellement », a-t-il expliqué au Monde, auprès de qui il a lourdement chargé son ancien employeur.
Fratani balance sur Tapie
« Il a pensé à tort que le patron d’un journal ça pouvait faire comme le patron d’un club de sport. Chaque fois qu’il m’a proposé un machin, je l’ai renvoyé vers quelqu’un d’autre. Il est déçu et il me fait la gueule », a répondu Bernard Tapie, actuellement propriétaire de La Provence, à propos de leur différend. Mais le sujet n’est pas là, car la charge de Marc Fratani est très lourde sur les pratiques qu’il a vues de près dans les années 80-90.
« J’ai participé une fois à un achat d’arbitre. C’était pour un match contre le Paris Saint-Germain, à Paris. Le lendemain de la rencontre, je suis allé lui remettre dans un endroit discret ce qui était convenu », a-t-il révélé. « La corruption n’était pas intensive, il ne s’agissait pas d’acheter tous les matches. (…) À partir de 1988-1989, il (Jean-Pierre Bernès) se lance avec Tapie dans une entreprise de corruption qui va durer quatre saisons », a-t-il poursuivi, avant d’évoquer l’affaire OM – VA qui a précipité la chute de Bernard Tapie.
« Dans l’affaire VA-OM, Tapie a toujours déclaré qu’il avait été condamné à tort. Mais j’étais là, et je n’étais pas seul, le jour où il a demandé que 250.000 francs soient versés à Bernès avant qu’il s’en aille à Valenciennes. Tapie a bien été le commanditaire de l’acte de corruption », a affirmé Marc Fratani qui a évoqué d’autres pratiques condamnables pour déstabiliser les adversaires. « On déstabilisait aussi l’adversaire en utilisant des psychotropes : du Haldol, un anesthésiant. À l’aide de seringues à aiguilles ultra fines, le produit était injecté à l’intérieur de bouteilles en plastique. »
Tapie dément et menace d’attaquer en justice
Les accusations sont graves. Bernard Tapie ne pouvait pas rester dans le silence. Il a évidemment démenti formellement et menacé d’attaquer en justice. « Il y a les cons qui voudront bien croire tout ça parce que ça leur fera plaisir, et il y a les gens qui ont un peu de jugeote. Ceux-là se rendront compte que tout ça, c’est pipeau. Si lui a acheté un arbitre un jour, il faut qu’il donne son nom, dise où, quand et qui lui a donné l’argent », a-t-il répliqué auprès du journal Le Parisien.
« On est chez les fous », a-t-il poursuivi sur RTL. « Je vais déposer plainte évidemment contre Le Monde parce qu’ils n’avaient pas le droit de faire un truc pareil et puisqu’il n’y a aucune précision de rien, il n’y a que des blablabla, il a dit qu’il avait acheté un arbitre pour un match eh ben d’accord, on va voir, je dépose plainte et je vais demander à ce que la justice l’interroge pour qu’il dise quel arbitre, quel match, quel jour », a plaidé Bernard Tapie.