À l’aube de la Coupe du monde de rugby en France et des JO de 2024, la France a encore un certain retard dans l’organisation d’événements sportifs. Ahmed Arbib, spécialiste du secteur, estime que c’est en s’appuyant sur les événements passés que l’on pourra mieux appréhender l’avenir.
Fondateur de la société 2A Entertainment, spécialiste du secteur du ticketing et de l’anticipation de la gestion de flux, Ahmed Arbib revient sur l’organisation de la Coupe du monde au Qatar. Selon lui, il faut, pour bien préparer les événements sportifs à venir, prendre du recul et faire un bilan objectif de la situation.
Sur les pelouses, le Mondial 2022 a été une réussite. Mais « si l’on se estime que l’organisation d’un événement se limite à la réussite sportive, on a tort », assure Ahmed Arbib selon qui « l’organisation d’événements sportifs est devenue une science » et doit répondre à de nombreux critères. Affluence, sécurité, technologie… « Il faut avoir une vision à 360° lorsque l’on prépare une compétition internationale ».
Si le Qatar a réussi à attirer le public lors de sa Coupe du monde, c’est notamment grâce à la proximité de ses stades entre eux. Mais Doha aurait pu mieux faire, en proposant une offre d’hébergement plus ambitieuse, en multipliant par exemple les hôtels flottants, et en limitant ainsi l’impact carbone généré par les navettes aériennes mises en place par les compagnies locales.
Outre l’accueil, le Qatar aurait également dû s’intéresser un peu plus au volet sécuritaire. En cas d’attaque terroriste, Doha aurait été dans l’incapacité de faire face… « La capacité des hôpitaux au Qatar est insuffisante en cas de pépin et cela aurait pu conduire à un drame », insiste Ahmed Arbib qui déplore que, « pour des questions géopolitiques, aucun couloir n’a été prévu pour envoyer d’éventuels blessés vers Bahreïn, Dubaï ou Riyad ».
Ahmed Arbib : « Il faut travailler avec les outils du 21e siècle »
Prendre en compte toutes les éventualités… Voilà le défi que devront relever les organisateurs d’événements sportifs en 2023. En septembre prochain débutera par exemple la Coupe du monde de rugby en France. Un véritable test avant les Jeux olympique de 2024. Pour que cette compétition soit un succès, il faut « une vision économique, mais aussi politique et sécuritaire », affirme le patron de 2A consulting, qui fait notamment de la veille sur les réseaux sociaux et dans les groupes privés sur Telegram, pour anticiper d’éventuels débordements.
« Il faut travailler avec les outils du 21e siècle », résume ainsi Ahmed Arbib qui s’appuie sur l’exemple de la finale de la Ligue des Champions à Saint-Denis. « Aujourd’hui avec le numérique on est passé à 300 % d’augmentation de fraude dans le secteur des billets. Or, comme l’a fait notre société en Asie, des systèmes de traçabilité existent », poursuit l’expert.
La Coupe du monde de rugby sera-t-elle un succès ? « En Asie du Sud-Est, les organisateurs avec qui nous travaillons ont été impressionnés par le travail de l’équipe France 2023, assure Ahmed Arbib. Cette équipe a su appréhender l’événement avec une réelle modernité et de nouveaux outils ». Si l’organisation d’événements sportifs est une science, il faut, à la baguette, de véritables chefs d’orchestre.
« L’Europe a plus de 15 ans de retard. En 2005, les Japonais utilisaient déjà les systèmes de e-billet. C’est en travaillant sur l’anticipation et la gestion de tous les domaines — flux, sécurité, hébergement, etc. — que nous pourrons rattraper notre retard dans ce secteur », conclut Ahmed Arbib.